Songes et Métamorphoses
un spectacle de Guillaume Vincent
avec Elsa Agnès, Candice Bouchet, Emilie Incerti Formentini, Elsa Guedj, Florence Janas, Hector Manuel, Estelle Meyer, Alexandre Michel, Philippe Orivel, Makita Samba, Kyoko Takenaka, Charles Van de Vyver, Gerard Watkins (distribution en cours)
dramaturgie Marion Stoufflet
scénographie François Gauthier-Lafaye
collaboration à la scénographie James Brandily
lumière Niko Joubert
collaboration à la lumière César Godefroy
composition musicale Olivier Pasquet, Philippe Orivel
son Géraldine Foucault
collaboration au son Florent Dalmas
costumes Lucie Ben Bâta
vidéo Edouard Trichet Lespagnol
accompagnement artistique Jane Piot
Un spectacle-hommage aux pouvoirs de l’imagination. Un kaléidoscope en deux volets : Hôtel Métamorphoses, une suite de tableaux contemporains inspirée par Ovide, puis Le Songe d’une nuit d’été, un sommet de la comédie élisabéthaine. Une façon radicale de confronter le théâtre qui reste à faire avec le théâtre déjà fait.
Le Songe d’une nuit d’été semble lui-même composé de plusieurs pièces. Face à ses « hybridations hasardeuses », Guillaume Vincent assume la « schizophrénie » shakespearienne, au point de faire croire à trois œuvres abordées « par trois metteurs en scène différents ». Une première pièce, celle des jeunes amants, est encadrée et pilotée par deux autres intrigues – celle des nobles, celle des fées – tout en étant traversée par une seconde pièce : celle des artisans. Les nobles, Thésée en tête, incarnent l’ordre diurne de la société humaine, qui contraint les amants à prendre la fuite dans les profondeurs de la forêt. Les fées, sur lesquelles règnent Obéron et Titania, sont les puissances nocturnes qui président à la fécondité de la grande Nature. Quant aux artisans, ils préparent en grand secret un spectacle en l’honneur du mariage de Thésée, leur noble duc. Tout se passerait comme prévu – les amants s’enfuiraient ensemble, les artisans répéteraient – si un farceur surnaturel ne s’en mêlait : l’insolent Puck, télescopant les styles et semant le chaos chez les uns et les autres…
Guillaume Vincent ne s’en est pas tenu à ce joyeux désordre. La pratique théâtrale de ces amateurs passionnés que sont les artisans de Shakespeare l’a renvoyé à ses propres expériences dans des ateliers qu’il a animés en milieu scolaire ou carcéral. Il sait que dans le théâtre amateur, « l’art n’est pas le seul but ». Ici, « le cadre est aussi important que le tableau » : le théâtre amateur est un lieu où « guérir, calmer, apaiser, éduquer ». Et où rêver, peut-être : pourquoi serait-ce un privilège réservé aux fous, aux amoureux et aux poètes ? Pour faire certains songes, il faut en tout cas y croire un peu. Accepter que le réel et l’imaginaire dérapent l’un dans l’autre.
Le théâtre de Guillaume Vincent célèbre donc les noces incertaines de la réalité et de la fiction en passant librement d’une forme, d’un style à l’autre. Puisant aux mêmes sources ovidiennes que Le Songe, Hôtel Métamorphoses ajoute sa touche de troublante fantaisie aux licences shakespeariennes en invitant des figures d’aujourd’hui à explorer des destins antiques, à s’interroger sur l’incarnation, la représentation, et sur leur rapport à leur propre identité. Des écoliers interprètent l’histoire de Narcisse et d’Écho ; des lycéens travaillent sur le mythe de Myrrha ; Procné et Philomèle sont les victimes d’un crime tout à fait contemporain… Première partie sinueuse comme les Mille et une nuits, cette suite de « variations sur le thème du théâtre amateur » est une ode à la gloire du théâtre et de ses alchimies.